Réponses Quizz Kabuki

Et voici les réponses !

Question 1 – Les différents types de théâtre japonais :

Bonne réponse : La réponse C !

Il y a plusieurs sortes de théâtre au Japon : parmi les plus connues, on compte le nô, qui se joue avec des masques (photo A), et le bunraku, qui est un théâtre de marionnettes (photo B). Dans le kabuki, il n’a pas de masques (ou rarement). Tous les rôles, féminins ou masculins, sont joués par des hommes, qui sont maquillés et portent des perruques et autres accessoires.
Il existe cependant bien d’autres genres de spectacle vivant traditionnel au Japon. Par exemple, le kyôgen est une forme de théâtre comique qui se joue comme intermède dans les pièces de nô ; quant au rakugo, il s’agit d’un art du conte comique, un « seul en scène », en quelque sorte !

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Question 2 : identifier le kumadori dans les manga/JV

Bonne réponse : de gauche à droite, le sumo Honda du jeu Street Fighter, Kumadori dans One Piece, et enfin Jiraya dans Naruto…

…qui sont tous les trois inspirés du kabuki ! Cela se voit à leurs visages, qui portent des traits caractéristiques, rouges et noirs, du maquillage de type kumadori. On peut aussi ajouter les chevelures imposantes des deux derniers, qui rappellent les perruques des acteurs. En effet, les maquillages « kumadori » sont surtout utilisés dans des pièces du répertoire dit aragoto, qui est caractérisé par des personnages hauts en couleurs, héros, justiciers et guerriers par exemple. Comme eux, jusqu’à aujourd’hui, les personnages inspirés du kabuki de style aragoto sont tout en héroïsme et flamboyance !

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Question 3 : L’origine des kumadori

Bonne réponse : la réponse B !

La première utilisation d’un maquillage rouge vif flamboyant dans le théâtre kabuki aurait été inventé en 1673 par Ichikawa Danjurô. Ce dernier devait jouer le rôle du guerrier Sakata no Kintoki, connu pour sa force surhumaine. Or, il n’avait alors que 14 ans : pour mieux incarner cette force, il choisit alors de peindre son corps entièrement en rouge. Il fait forte impression et rencontre un grand succès, qui l’amène à poursuivre sur cette voie et à inventer bien d’autres modèles de maquillages kumadori en fonction des rôles qu’il joue.

 

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Question 4 : La tradition des kumadori

Bonne réponse : réponse A !
Après Ichikawa Danjurô, tous ses héritiers sont devenus également acteurs de kabuki de type aragoto et ont perpetué la tradition à travers les siècles… jusqu’à ce que l’un d’eux divulgue le secret !

Chez les acteurs de kabuki, tout est affaire de famille… Le théâtre kabuki de style aragoto, avec ses maquillages flamboyants servant des rôles de héros, de guerriers ou de fantômes vengeurs, s’est perpétué au sein de la famille Ichikawa à travers les générations, formant une véritable dynastie d’acteurs. La plupart ont d’ailleurs aussi été nommés « Ichikawa Danjurô », tout comme le premier, avec l’ajout d’un numéro indiquant leur place dans la lignée.

C’est ainsi que le manuscrit original de notre document a été rédigé en 1852, avec des dessins de Ichikawa Danjurô 7 (à gauche sur l’image) et des textes de Ichikawa Danjurô 8 (portrait du milieu). Quant à savoir pourquoi ces derniers ont pris l’initiative de rendre public leur savoir sur les maquillages… ce n’est qu’une hypothèse, mais Danjurô 7 menait une vie dissolue et entretenait de nombreuses maîtresses ; son fils, Danjurô 8, s’est suicidé en 1854. Il n’est pas impossible qu’il ait décidé de vendre ce manuscrit pour éponger les dettes accumulées par son père.

Ajoutons enfin que la lignée existe toujours aujourd’hui : à l’heure actuelle, l’héritier de la famille, à droite sur l’image, porte le nom d’Ichikawa Ebizô 11. Né en 1977, il joue toujours du kabuki mais également dans des téléfilms. Il est aussi connu pour quelques déboires et débordements lors de sorties nocturnes un peu trop arrosées, perpétuant en cela la tradition de son aïeul Danjurô 7…

Ci-dessus, une statue du temple Narita-zan, auquel la famille Ichikawa est affiliée… Vous ne remarquez rien ? Le visage bleu, les traits noirs qui marquent les contours du visage… Sans doute une autre source d’inspiration pour la famille des kumadori !

 

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Question 5 : La présence du document dans les collections de la BnF

Bonne réponse : réponse D !

Le document a été rédigé, comme nous l’avons dit plus haut, par des héritiers de la famille d’acteurs Ichikawa. Il a ensuite été publié : nous n’avons pas la date exacte de publication du document de la BnF, mais nous savons qu’il y a eu plusieurs éditions entre le milieu du 19ème siècle et 1918.

L’ensemble nous est parvenu par le don effectué à la Bibliothèque par Edward Gordon Craig, théoricien anglais du théâtre né en 1872 et mort en 1966. Ce dernier a beaucoup puisé de son inspiration dans les formes de théâtre de tous les pays du monde. A son époque, autour de 1900, la mode était au japonisme, un courant d’inspiration artistique influencé par le Japon. Tous les peintres, écrivains ou acteurs européens d’alors étaient attirés par l’esthétique japonaise. Craig faisant partie de cette mouvance, il a acheté ce document, probablement par l’intermédiaire d’un marchand d’art japonais. L’image proposée est son monogramme, qu’il a tracé lui-même sur l’enveloppe qui contenait le document, ce qui nous prouve qu’il en était bien le possesseur.

Quelques années avant sa mort, Craig a fait don de ses archives personnelles à la Bibliothèque nationale de France, afin qu’elles ne soient pas dispersées. Nous conservons donc ses documents de travail, dont des documents étrangers dont il s’est servi comme inspiration.

 

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Question 6 : Maquillage « kaenguma »

Bonne réponse : réponse C. Les caractères composant ce mot 火炎 (ka + en), signifient « flammes » en japonais. La couleur rouge dans les maquillages kumadori est associée au courage, à la bravoure. Ce maquillage en particulier, le kaenguma, représente des flammes, et indique un héros particulièrement vaillant.

Aujourd’hui, il y a presque 150 modèles de kumadori recensés, mais seulement 60 à 70 sont véritablement utilisés. Les modèles de la famille Ichikawa qui sont indiqués dans ce document sont parmi les plus reconnus. Ils peuvent utiliser du rouge, du noir, et différents tons de brun ou de bleu. Les kumadori rouges correspondent à la justice ou à l’héroïsme ; tandis que les teintes indigo ou noires sont réservées aux personnages mauvais, qui inspirent la crainte. Le bleu pâle indique la mort, et sert par exemple pour les maquillages de fantômes. Enfin, les bruns sont utilisés pour les monstres, démons et autres yôkai.

 

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Question 7 : Maquillage « aiguma »

Bonne réponse : la réponse B !

Ce maquillage dit « aiguma », ce qui signifie tout simplement « ombres bleues », est utilisé pour les rôles de fantômes. On le réalise avec de la teinture d’indigo, et le texte qui accompagne le modèle de maquillage raconte effectivement que la pauvre épouse de l’acteur, en voyant cette nouvelle création, en est littéralement tombée à la renverse…

 

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Question 8 : Chercher le hannya

Bonne réponse : le maquillage correspondant à un rôle de hannya est le suivant : > cliquez ici <

Pas très effrayant ? Peut-être, mais il faut l’imaginer porté avec des cornes… En plus du maquillage, les acteurs ont recours à toutes sortes d’accessoires : perruques, cornes, fausses dents… On en voit d’ailleurs un exemple sur cet autre maquillage de monstre, à la dentition fort peu naturelle!

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Question 9 : la scène de kabuki / manga

Bonne réponse : la réponse C ! Le manga « Le chemin des fleurs », est paru en 16 tomes aux éditions Kaze dans la collection Shôjo, entre 2012 et 2016.

Cette expression est la traduction littérale du terme « hanamichi » (花道) par lequel on désigne cette allée sur laquelle les acteurs de kabuki déambulent tels des fleurs.

La BnF conserve des exemplaires du manga « Le chemin des fleurs » entrés dans ses collections, grâce au Dépôt Légal, et la notice du tome 1 est consultable > ici <. Le Dépôt Légal est l’obligation pour tout éditeur de déposer un exemplaire de chaque ouvrage paru en France à la Bibliothèque nationale de France. Ce qui fait que la BnF possède ainsi un exemplaire de tous les manga ! Cette collection énorme n’est cependant pas accessible à tous, elle constitue un fonds patrimonial de conservation avant tout. Cependant, la salle I (littérature pour la jeunesse) accueille tous les publics de lecteurs avec une sélection de manga fréquemment renouvelée.

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Question 10 : le kumadori comme « signature visuelle » de la culture japonaise

Bonne réponse : la réponse D ! Il s’agit bien de masques de soin pour la peau, au décor de kumadori.

Ils ont été créés par la marque « Japanese Face », fondée par un membre de la famille Ichikawa. Le site web où l’on peut les acheter (http://japaneseface.jp/fr/) les présente comme des « souvenirs typiques » du Japon. De fait, le design de kumadori fonctionne comme une signature visuelle, et en vient à symboliser directement la culture japonaise au sens large, de la même façon que le mont Fuji ou une branche de cerisier en fleurs.

Il n’est donc pas étonnant que les amateurs de manga, de jeux vidéos ou du Japon en général en croisent régulièrement. L’influence du kabuki est d’ailleurs plus large encore : des parallèles peuvent être faits entre le jeu des acteurs et le découpage scénaristique de planches de manga ; certaines franchises comme One Piece sont carrément adaptées pour la scène à la « façon » kabuki…

Si ce quizz vous a plu et que le kabuki vous intrigue, l’exploration ne fait que commencer !

 

Coralie Castel
conservatrice chargée des collections en langue et littérature japonaises modernes et contemporaines au département Littérature et Art de la BnF.

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